L’Europe de l’Est a peu d’occasions de citer dans le concert des nations. Eugene Hütz, Ukrainien d’origine, est devenu l’âme punk des Balkans lorsqu’il a émigré aux Etats Unis en y apportant la fièvre, la fougue et la démesure de leurs musiques traditionnelles. Frottées au bitume de la grosse pomme, ces ondes nomades sont devenues “gypsy-punk” et Eugene Hütz le frontman de Gogol Bordello, exubérante formation sans pareil. L’alliage s’est révélé miraculeusement fertile : du Kusturica no future, un joyeux pogo dans un poulailler. Cette antienne, l’actualité de son pays natal l’a rehaussée d’une énergie du désespoir. Le no future n’est hélas pas qu’une pose quand on vient de là-bas, mais il résonne encore plus dans les foudres des neuf membres de ce groupe résolument punk et admirablement résistant.